Les TROUBLES de l’ORALITÉ

INTRODUCTION

« Tout praticien peut être confronté à des patients qui ne supportent pas un instrument ou une brosse à dents dans leur cavité buccale. Parfois, le contact cutané est difficile, voire impossible, surtout au niveau du visage, du pourtour de la bouche, voire de la paume des mains ou la plante des pieds. Et il ne s’agit pas toujours de patients avec une pathologie associée. Adultes ou enfants, ils peuvent parfois mener parallèlement des études, avoir une vie professionnelle ou sociale, malgré leurs difficultés d’interaction alimentaire et sensorielle. On parle de troubles de l’oralité ou de troubles sensoriels oro-faciaux (sensory processing disorders pour les Anglo-saxons). L’objectif de ce travail est de permettre au
chirurgien-dentiste de connaître ces pathologies, savoir les détecter et prendre en charge ces patients en collaborant avec les autres professionnels de santé » Dr Benoît PERRIER – Président du l’UFSBD

LES ENJEUX DE L’ORALITÉ

Pr Jean-Louis SIXOU, Chirurgien-dentiste, Professeur (Université de Rennes 1) et Praticien Hospitalier (CHU de Rennes )- Co auteur

Que les troubles de l’oralité (troubles sensori-moteurs) touchent les enfant ou les adultes, les personnes en situation ou non de handicap, chacun de ces patients est un challenge. Et nous en savons encore trop peu sur les causes et sur les prises en charge. Répondre positivement à la proposition de l’UFSBD allait de soi, d’autant que cela permettait de travailler en plurisciplinarité. A la fin de ce travail, j’ai obtenu quelques réponses (heureusement!) et trouvé beaucoup d’autres questions (heureusement?). Et j’ai surtout eu la confirmation que nous ne pouvons réussir qu’en travaillant main dans la main avec les autres professionnels de santé. 

Dr Benoît CHEVALIER, Kinésithérapeute pédiatrique, Doctorant SIEB – EPHE – Co auteur

Depuis 30 ans je suis kinésithérapeute pédiatrique en particulier au sein d’une unité de Neuro pédiatrie à l’hôpital d’Angers pendant 20 ans et dans un cabinet libéral spécialisé en périnatalité. Très tôt nous avons été sensibiliser par les dentistes hospitaliers à faire de la prévention auprès de nos patients alors que souvent la priorité des soins était ciblé ailleurs. Étant spécialisé sur les troubles de la déglutition et les troubles alimentaires pédiatrique, je constate trop souvent Que l’outil n’est pas préservé et qu’il est difficile de faire travailler la fonction masticatoire et de déglutition si l’état bucco-dentaire n’est pas correcte. En tant que formateur continu c’est pour moi une priorité absolue de préserver cet outil. Les risques de douleurs, la difficulté d’accès aux soins, sont aujourd’hui un enjeu absolu pour nos jeunes patients.Collaborer avec l’UFSBD et acsodent pour moi et mon entreprise de formation continue s’est naturellement imposé comme un engagement de santé publique.

Est-ce que la dysoralité sensorielle touche les adultes ?

En général, la dysoralité sensorielle s’installe à l’âge précoce (chez l’enfant ou le nouveau-né) et si le trouble n’est pas pris en charge des séquelles peuvent perdurer à l’âge adulte. « Mais dans certains cas, après certaines épreuves douloureuses ou traumatiques par exemples, la dysoralité sensorielle peut s’installer chez l’adulte plutôt sous la forme d’une phobie entrainant une aversion alimentaire pouvant aller jusqu’à l’anorexie« 

Le traitement passe en premier lieu par une enquête somatique, c’est-à-dire une étude du corps du patient afin d’écarter toutes problématiques fonctionnelles. Il faut ensuite se tourner vers des spécialistes comme les orthophonistes et les psychologues qui travaillent d’une part l’oralitél’intégration sensorielle et la déglutition et d’autre part l’aspect affectif et émotionnel. « Les thérapies d’approche cognitivo-comportementale (TCCsont bien indiquées car en plus du travail d’élaboration, des petits objectifs sous forme d’exercices pourront être mis en place » 

Le dépistage précoce des troubles de la sphère orofaciale, que ce soit un retard de mise en place des compétences alimentaires ou des troubles sensoriels limitant les soins dentaires, reste essentiel pour le chirurgien-dentiste. L’absence de mastication et de découverte orale impacte la croissance de la mâchoire avec des risques de malposition mais également une diminution de la mobilité la langue. Cette langue active et ajustée sur le plan sensoriel par les déglutitions secondaires permet un nettoyage constant de la bouche et limite le risque carieux. Un dépistage précoce des troubles aide à mettre en place le geste du brossage. Un brossage efficace sera un moyen quotidien, simple et répétitif d’accès à la bouche. L’hygiène bucco-dentaire offre un moyen efficace d’apprentissage s’il est mis en place très tôt, même avant l’éruption dentaire. Il facilite l’exploration de sa bouche et développe une sensibilité orofaciale propice au développement de la sphère orale

POUR ALLER PLUS LOIN

Collection « Objectif Prévention » : Prise en charge des patients présentant des troubles de l’oralité

« Tout praticien peut être confronté à des patients qui ne supportent pas un instrument ou une brosse à dents dans leur cavité buccale. Parfois, le contact cutané est difficile, voire impossible, surtout au niveau du visage, du pourtour de la bouche, voire de la paume des mains ou la plante des pieds. Et il ne s’agit pas toujours de patients avec une pathologie associée. Adultes ou enfants, ils peuvent parfois mener parallèlement des études, avoir une vie professionnelle ou sociale, malgré leurs difficultés d’interaction alimentaire et sensorielle. On parle de troubles de l’oralité ou de troubles sensoriels orofaciaux (sensory processing disorders pour les Anglo-saxons). L’objectif de ce travail est de permettre au chirurgien-dentiste de connaître ces pathologies, savoir les détecter et prendre en charge ces patients en collaborant avec les autres professionnels de santé»

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Actes du 22ème COLLOQUE DE SANTÉ PUBLIQUE : Les 1000 premiers jours : Construisons le Parcours Bucco-Dentaire de la Mère à l’Enfant

du 29 octobre 2021

Il est aujourd’hui établi, scientifiquement, que les actions menées au plus tôt de la vie, de la grossesse jusqu’aux 2 ans de l’enfant, dans la période dite “sensible” des 1 000 premiers jours, sont parmi les plus efficientes en santé publique.

Retrouvez ce COLLOQUE en vidéos sur notre page dédiée disponible en cliquant ici

 

Magasine PRATIQUES DENTAIRES, n°47

septembre 2022

Prise en charge des patients présentant des troubles de l’oralité

Vidéo d’un témoignage

d’une patiente atteinte de troubles de l’oralité

(Vidéo tournée en cabinet)